Le métier de projectionniste, devenir projectionniste au cinéma

Une orientation scolaire après des études de cinéma. J’ai fait des études de cinéma après le bac. Ensuite j’ai fait des petits boulots et un jour j’ai décidé de gagner ma vie dans le milieu du cinéma comme projectionniste. Donc au bout de la chaîne de production, juste avant les spectateurs.

Quelles sont les qualités d’un projectionniste ?

Les qualités ! Il faut accepter les contraintes du métier, notamment au niveau des horaires. En fait on travaille quand les gens ne travaillent pas : le week-end et le soir. Il faut être ponctuel et polyvalent. Ce n’est pas un métier très sorcier quand on est très méticuleux, concerné, et qu’on aime le cinéma. La vraie qualité d’un projectionniste c’est simplement d’être cinéphile et d’aimer le cinéma avant tout.

Quels sont les petits plaisirs du projectionniste ?

Ça dépend de la structure pour qui vous travaillez. A Utopia, on a le temps de voir d’abord les films et d’en parler avec les spectateurs. Ce n’est pas le cas des projectionnistes qui travaillent dans les grandes structures. Ils n’ont pas souvent le temps de voir les films qu’ils projettent. Ici, nous voyons les films, on peut même aller en projection de presse. Et le plaisir aussi, c’est de faire découvrir des films aux spectateurs qui n’auraient pas l’habitude de voir tel ou tel film, comme des films art et essai. C’est le plaisir de la découverte. Enfin j’ajoute que c’est un métier de contacts et de partage.

Ça fait combien de temps que vous travaillez ?

Je travaille depuis quatre ans en projection. C’est un métier qui est assez formidable quand on est jeune, j’imagine plus difficile quand on a une famille à charge. C’est souvent un métier choisi par les jeunes qui sortent avec le CAP, qui font ça jusqu’à trente ans.

Trouve-t-on facilement du travail dans le milieu du cinéma ?

C’est un métier qui se pratique beaucoup à temps partiel. Il n’y a pas beaucoup de CDI à temps complet. J’ai rencontré beaucoup de gens qui travaillaient dans le cinéma et qui profitaient de leur temps libre – des apprentis, des réalisateurs, des comédiens, etc. – pour travailler à leur projet, comme de faire un film.

On peut faire combien de salles par projectionniste ?

Ici un projectionniste gère quatre salles entièrement manuelles, ce qui demande du travail, de l’attention et de la concentration. Dans les grands complexes on peut atteindre vingt à trente salles, c’est réparti par étage et chaque projectionniste doit gérer une dizaine de salles.

Quelle est votre formation ?

Ce qui peut intéresser les jeunes c’est justement la possibilité, dans de petites salles comme ici, de commencer sans avoir de diplôme. Moi j’ai commencé sans diplôme et je me suis formé sur le tas, avec un projectionniste. J’ai passé le diplôme il y a seulement deux ans.

Il vous arrive d’avoir des coupures de courant ?

Oui ça arrive tout le temps. Donc il faut être réactif : on est là pour assurer une projection dans des conditions techniques décentes ! Si aujourd’hui les films ne cassent plus ou très peu, tout peut arriver. On peut avoir un problème de son, des coupures électriques, il faut réparer les films cassés et repartir tout suite, et ne pas laisser le spectateur dans le noir. Maintenant les conditions de sécurité sont telles que le film ne prend plus feu.

Que pensez-vous de la différence entre la pellicule et le numérique ?

Pour l’instant la pellicule a le meilleur grain mais le numérique a fait des progrès assez considérables ces dernières années. Au niveau du tournage il y a de plus en plus de films en numérique comme StarWars2 qui est entièrement tourné avec ! C’est possible d’avoir une qualité aussi proche de la résolution pellicule. La pellicule se compte en million de points par photogramme, ce que le numérique n’a pas encore atteint pour l’instant.

Le numérique fera-t-il changer votre métier ?

Peut-être, à condition que le projectionniste accepte de se former, parce que c’est différent. Ça sera le même métier dans des conditions d’exploitation normale, telle qu’on le voit aujourd’hui.

Un projectionniste, en quoi évolue-t’il ?

Une fois le diplôme obtenu, il peut passer une habilitation électrique! Car un projectionniste dans une salle, c’est comme un pilote de formule 1 : il va savoir piloter la machine mais s’il y a un problème ce n’est pas lui le mécano !

S’il a l’habilitation électrique, il pourra mettre ses mains dans le cambouis et avoir un salaire en conséquence.

Sinon il n’y a pas beaucoup de grades ! Il y a projectionniste et chef de cabine. C’est un poste à responsabilité qu’on passe en concours interne.